Thierry, 34 ans de passion dans la vidéo, la FNAC dans la peau
Thierry, ‘FNACqueux’ (néologisme c’est comme ça qu’il se définit), 34 ans de passion dans la vidéo au service des clients
Il a vu passer tous les supports vidéo, toutes les tendances, il était là à l’ouverture de la FNAC de Toulon, mais il est surtout, de mon point de vue, une des premières connaissances que j’ai pu faire mais également le premier vendeur à m’avoir conseillé, lors de mon arrivée dans la région, il y a de ça 17 ans. Thierry a pris sa retraite récemment et a bien voulu pour BRDEF se prêter au jeu de l’entretien qui a permis la création de cet article. Portrait d’un passionné.
Une carrière qui ne se destinait pourtant pas à la vidéo
Thierry à commencé à travailler très tôt, à l’âge de 15 ans. Il est issu d’une famille d’ouvriers des chantiers navals de la Seyne-sur-Mer dans lesquels il a pu réaliser son apprentissage pour devenir tourneur-fraiseur-ajusteur mécanicien et prendre possession de son outil de travail, une machine-outil, plus exactement un tour vertical (machine plutôt rare m’a-t-il dit) pour fabriquer certains éléments destinés aux tubes lance-missiles.
Malheureusement et comme chacun sait, dans la région, les chantiers navals ont été fermés fin des années 80, cela a été une véritable catastrophe pour le tissu économique local. Thierry a donc connu au bout de 7 ans des périodes de grève ultra violentes, les affrontements avec les gendarmes mobiles, enfin tous ce qui allait conduire à la fermeture des chantiers. Thierry en parle avec une certaine émotion car il était jeune à l’époque, et ne préfère pas s’étendre sur le sujet « là t’est dans le bain, t’es tout jeune et tu te confrontes aux gendarmes mobiles, enfin je passe le truc… »
Thierry devient donc, malheureusement licencié économique en 1987, puis s’inscrit en tant qu’intérimaire, il poursuit sa carrière, pendant 2 ans, chez Alsthom (CGE2E-Alsthom) à l’arsenal de Toulon.
À l’issue de ces 2 ans il intégrera Hobie Cat Europe, une société américaine spécialisée dans la conception de catamarans légers. Puis Thierry sera embauché par la suite en tant que machiniste dans une société locale spécialisée dans le verre.
Thierry tient à me préciser qu’il avait comme passion, en plus de celle du cinéma, la musique, en tant que disc-jockey, passion qu’il exerçait avec un ami et leur ‘disco-mobile’ pour le divertissement des particuliers qui faisaient appel à leurs services. Une belle époque ! Qui était également celle de l’émergence du divertissement à domicile….
Une annonce dans Var Matin qui va tout changer …
C’est au cours de l’année 90 que tout va changer, grâce à la sœur de Thierry qui a vu dans le journal local, Var Matin, une petite annonce concernant des emplois à pourvoir dans un futur magasin la FNAC qui allait s’implanter à Toulon. (Pour rappel FNAC est l’acronyme de Fédération Nationale d’Achats des Cadres, créée en 1954 et dont l’objectif premier était de pouvoir réaliser des achats moins chers grâce à un système de carnets d’achats destinés à tous).
La sœur de Thierry ne voulant pas y aller seule lui a suggéré de l’accompagner et de postuler, Thierry lui rétorquant « je ne connais pas le commerce ! ». Il tient à m’indiquer que la seule expérience qu’il a eu dans ce milieu c’est le remplacement par ‘intérim’ (comprendre : pour rendre service) du gérant d’un petit vidéoclub local (Video Must) lorsque celui-ci était en déplacement ; effectivement il habitait à l’époque dans le même immeuble que celui où était situé le vidéoclub.
Après l’insistance de sa sœur, Thierry postule avec elle… Et ce qui devait arriver arriva…
La sœur de Thierry est recalée … Quant à Thierry, quelques jours après avoir postulé, reçoit un coup de fil à 21h20 (il est précis !) lui stipulant qu’il a rendez-vous pour un test de culture générale (300 questions me dira-t-il un peu plus tard lors de notre entretien), il pense que c’est un copain qui lui fait une blague « arrêtes tes conneries ! » et raccroche, mais fort heureusement son interlocuteur insiste et rappelle dans la foulée ! Cette fois-ci l’appel est pris au sérieux.
Thierry avait rendez-vous un vendredi après-midi et pensait ne pas se rendre au test « je n’y vais pas je ne serai jamais pris ! » mais en sortant de son travail, en voiture, plutôt que continuer tout droit, il tourne (d’instinct ? Il ne se l’explique toujours pas…) et se rend sur le lieu des tests avec beaucoup de retard puisqu’il arrive à 15h30 pour une fin d’examen à 16h30. Plus de 100 personnes étaient déjà présentes dans la salle, mais malgré l’heure tardive, il insiste auprès de la personne responsable pour effectuer ce test de culture générale « Je peux essayer » – « Allez-y ! » (Thierry me mime la gestuelle de la personne qui lui est toujours restée en mémoire, tout cela était digne d’un film de de Funès me dit-il !). Thierry se souvient « le cerveau de certains candidats fumait ! moi j’y suis allé à l’instinct ». À l’époque, la FNAC, d’après Thierry, recrutait principalement sur la passion des candidats, « le but c’était la passion, il fallait sentir ta passion, c’était vraiment un fluide de passion absolument extraordinaire qu’il fallait faire passer ! »
Deux jours après Thierry était sélectionné, il se souvient s’être habillé pour l’occasion (petite chemise, pantalon à pinces etc.) se dont il n’avait pas l’habitude « je n’étais qu’un ouvrier ». Il allait faire la rencontre, plutôt abrupte, de son premier responsable Didier. A. les deux pieds sur le bureau : « Vas-y rentre Thierry ! J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle ! On commence par quoi ? », Thierry avait postulé pour un poste qui concernait les ‘Maxis 45 tours’, la mauvaise nouvelle c’est qu’il n’aurait pas le poste « ce poste tu ne l’auras pas ! » (Le choc pour Thierry ! Il pense en son for intérieur : « tout ça pour rien… ») puis vient la bonne nouvelle : « je vois que tu es passionné de cinéma, on cherche un vendeur vidéo, tu serais le vendeur vidéo ? » – « Oui bien sûr, je serai le vendeur vidéo !»
Thierry nostalgique me dit : « voilà tout part de là »
Thierry me précise que son responsable lui avait donné ‘un package’ à gérer : le rayon vidéo, mais aussi le rayon musiques de cinéma « alors ça c’était génial ! » et la musique New Age qu’il affectionne tant (il évoque avec passion, Kitaro, Tangerine Dream etc.). Il a su par la suite que le premier poste qu’il briguait a été donné à une personne travaillant dans une grande station FM de Nîmes.
Suite p.2, 34 ans à la FNAC