Le Furet du Nord : le plaidoyer d’un passionné !
Le Furet du Nord, le plaidoyer d’un passionné du support physique
L’une des plus grosses chaînes de librairies en Europe, « le furet du nord » se sépare de son rayon vidéo. Déstockage jusqu’à la disparition progressive et définitive, voilà le sombre sort réservé au rayon vidéo de cette institution du nord de la France qu’est le furet ! (Furet ? Car le premier magasin était situé en lieu et place d’un magasin de fourrure à l’enseigne éponyme).
Initialement posté sur le site Blurayenfrancais, nous avons donc décidé de relayer le pertinent plaidoyer de Torrente qui est aussi membre de BRDEF.
Le cri d’alarme de Torrente
Texte restitué dans son intégralité avec une mise en page afin de conférer plus de dynamisme et d’impact.
« Pas un Blu-ray défectueux… mais toute une industrie…
Les amis,
l’heure est grave. L’heure est TRÈS grave. Il est temps de se mobiliser, de faire bouger les choses, de prendre les armes (son clavier en l’occurrence) et de crier son mécontentement à la tête de ces entreprises sans visage qui sont en train de défaire notre passion.
Le support physique se meurt. L’agonie fut lente et douloureuse à en croire les « professionnels de la profession » mais la fin risque d’être brutale. Et beaucoup plus qu’on ne le croit.
Avant-hier, à Lille, vers 14h, j’ai appris la terrible nouvelle (et je ne m’en suis toujours pas remis depuis) : le rayon vidéo de l’institution culturelle locale (le Furet du Nord) va fermer.
D’ici le mois d’Août. Plus de Blu-ray ni de DVD en rayon. Remplacé par un rayon de livres d’occasion ?!
D’ici là : un déstockage.
De ces longs déstockages sinistres à base de rayons qui se vident lentement mais sûrement jusqu’à disparaître totalement.
Plus aucune nouveauté à compter du 13 mars. Plus aucune prise de commandes pour les clients (fidèles ou non).
Et 30% sur tout le rayon en guise d’ultime carotte (dans les deux sens du terme).
Un responsable à qui sa direction l’a appris du jour au lendemain (joli ?!) alors qu’il mettait en place des tas de partenariats quasi bénévolement vu le peu d’intérêt de ses patrons, qu’il avait su tisser des liens forts avec les éditeurs (des grosses structures jusqu’aux plus indépendants, exemple), pour faire vivre son rayon et le rendre le plus attractif possible avec ses moyens (limités par l’institution donc) depuis plus de 10 ans.
Multipliant les contacts, se faisant connaître par delà les frontières des Hauts-de-France, faisant de son espace un îlot digne du « village des irréductibles gaulois », aussi compétitif que ceux des Gibert Joseph, voire plus. Se hissant même jusqu’à une sorte de « Metaluna Store du Nord ». Tout ça au sein d’une grande entreprise.
Devenant ainsi l’un des meilleurs rayons vidéo de province (j’en ai vu des rayons de ce type lors de mes périples mais j’en ai rarement vu qui égalait son excellence… de Lyon à Montpellier en passant par Rennes, Toulouse, Marseille ou Bordeaux).
Un responsable dynamique, à l’écoute d’une clientèle hétéroclite, de bons conseils, connaissant son métier et passionné de cinéma.
Le Furet du Nord a donc décidé de tirer une balle directement dans la tête de la bête.
Simple. Efficace. Basique.
Au moins, le rayon reste ouvert encore un peu, le temps de la « transition »… car dans les autres Furet du Nord, il semble que les rayons vidéo aient tous fermés depuis le quelques jours. En tout cas à V2. Où seule une vulgaire rangée de DVD de la série des Harry Potter subsiste, coincée entre 3 mugs Gryffondor et 2 figurines Pop de la chouette Hedwige… j’aurais dû les prendre une photo… ces rescapés magnifiques… ça aurait fait une belle illustration pour la future pierre tombale du support physique.
Dans une grande Métropole comme celle de Lille, cela me paraissait impensable. Surtout dans un haut lieu culturel comme le Furet du Nord de la Grand Place, qui selon moi avait la possibilité de garder ces misérables 10m² (en sous-sol qui plus est) sans pour autant avoir besoin de faire de marges mirobolantes, voire même sans avoir besoin de faire de marge du tout… et pourquoi pas ?
10m² sur 150, ce n’était pas la fin du monde, et surtout ce n’était pas comme si le rayon perdait de l’argent ?!
Mais non. Le sacro-saint profit a encore gagné. Les marges. La crise, vous comprenez. On augmente le salaire de 4 ou 5 dirigeants, mais c’est la crise.
C’est sûr qu’ils seront les rois du pétrole avec un rayon de livres d’occasion… j’ai hâte de voir ces piles de Titeuf et toutes ces biographies de Franck Ribéry s’entasser misérablement… hâte de voir autant de livres à peine bons pour France Loisir se vendre beaucoup mieux que le dernier film de Tom Cruise ou le dernier Disney en DVD.
Mais bien sûr, on y croit ?!
Non vraiment, quelle drôle d’idée ???
Il se murmure également que la Fnac s’apprêterait à leur emboîter le pas à la fin de l’année civile… vrai ou faux, la rumeur existe en tout cas. Qui vivra, verra.
Dans la belle ville de Lille, resteront donc O’cd et les quelques Ca$h Converters, Easy Ca$h, Super Ca$h, File-ton-Ca$h, et…….. c’est tout !
Car, pour acheter nos « précieuses galettes avec un trou au milieu », le jour de leur sortie, on pourra toujours se brosser !
Alors s’il vous plaît, pour vos amis ch’tis ou simplement par principe, n’hésitez pas à inonder les réseaux sociaux de vos coups de gueule.
Faites-le également bien savoir au Furet du Nord, via tous ces nouveaux modes de communication dont tous ces beaux merles du monde de l’entreprise sont devenus si friands.
Lâchez des notes et des avis négatifs partout sur cette enseigne, sur les Trust Pilot et consorts, même dans Les Pages Jaunes.
Je vous en supplie, pour nous, pour vous, il faut faire quelque chose, on ne peut pas laisser faire ça.
Il doit y en avoir d’autres… mais je liste déjà ceux que je connais :
S’il vous plaît ! Même si vous n’êtes pas du Nord, même si vous n’êtes pas ch’ti, même si vous n’êtes pas directement impactés, prenez quelques minutes de votre temps pour dire à quel point cette décision est désastreuse.
Car c’est la première d’une série de décisions en cascade qui risquent d’impacter notre passion dans les mois à venir.
Aujourd’hui le Furet du Nord, demain Cultura, L’Espace Culturel Leclerc, la Fnac et ce sera bel et bien fini.
Les algorithmes auront gagné.
On pourra toujours voir la dernière série à la mode, le dernier film de Kev Adams ou de Philippe Lacheau, les derniers blockbusters américains, on pourra toujours voir ceux de 2018 aussi qui sait, avec un peu de « chance »… mais pour les films du 20ème siècle, ça deviendra de plus en plus difficile, à la merci d’Amazon, Disney, au bon vouloir de Netflix, HBO Max, toutes ces plateformes qui n’ont que faire du 7ème Art en temps qu’Art, en vérité. »
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