Espagne : No está claro… Que será, será…
• Divisa : un éditeur prudent, mais apportant une réponse favorable si l’on arrive à le convaincre. Il est apprécié des BDphiles.
Les premières réponses (bon à savoir pour contacter l’éditeur) :
La vérité est que nous sommes très surpris par ce que vous nous dites. On ne nous avait jamais rien dit de tel auparavant. Nous avons testé une copie que nous avons ici au bureau et c’est la même édition et nous n’avons aucun problème.
Pourriez-vous préciser un peu plus le problème ? Quel disque est en panne ? Dans quel chapitre ? Le disque reste arrêté ou ne démarre pas ? Avez-vous vérifié que le disque n’est pas sale ? Quel appareil utilisez-vous ?
Telles sont les questions que nous posons à toutes les personnes qui nous parlent d’une panne de disque.
Puis la prise de conscience et les symptômes:
Nous avons testé vos disques sur deux platines et aucun d’entre eux n’a réellement fonctionné.
Il y a quelques jours, nous avons reçu des disques d’une autre personne qui souhaitait le changement et nous nous sommes rendu compte que les Blu-ray avaient une couleur étrange. Au lieu de la couleur argentée typique, ils étaient d’une couleur dorée mais très claire. La même chose s’est produite avec les enregistrements que vous nous avez envoyés. Nous vous demandons de voir si vous pouvez nous donner une raison pour cette décoloration. Dès que nous saurons quelque chose, nous vous informerons.
Enfin, devant l’accumulation des signalements, la procédure :
Ce problème a été analysé et il a été conclu que toute personne concernée par ces pannes de BD peut nous envoyer les disques défectueux (uniquement les disques) à notre bureau de Madrid ( Paseo de Castellana, 111, 9º, 28046, Madrid). Ces disques défectueux seront analysés et une fois la panne détectée, des disques corrigés seront envoyés à toutes les personnes concernées.
• Universal : ne répond pas et joue les autruches. La seule petite réponse est un message Twitter pour « La sombra de una duda », massivement défectueux :
Nous n’avons pas reçu d’autre incident à ce sujet. Peut-être que ces taches sont apparues à cause du passage du temps. Si vous l’avez acheté récemment et que vous avez le ticket de caisse, vous pouvez demander au magasin de vous l’échanger.
L’absence de réponse (et donc de procédure) vaut également pour la tristement célèbre trilogie « Regreso al futuro », défectueuse dans ce pays comme dans d’autres, où elle était échangeable. Ce qui laisse penser que chaque entité nationale Universal fixe ses propres règles.
• Cameo, Selecta, Vértigo : contacts faciles, remplacements au titre du SAV. Cameo semble particulièrement réactif et apprécié.
• Emon = Savor: l’éditeur n’existerait plus depuis 2018.
• Aurum=EOne: pas d’échange et renvoi sur l’enseigne de vente.
• JRB, Filmax, Fox, Nacadih, Sony, Lionsgate : le thread ne donne pas d’info.
On notera globalement que, bien que les affaires QOL ou Criterion soient antérieures de 1 à 2 ans au moins, les éditeurs espagnols ne semblent jamais en avoir entendu parler et s’étonnent, parfois avec naïveté, que des BD puissent être défectueux. Il en va de même pour le presseur MPO, pourtant présent et atteint des deux côtés des Pyrénées. Visiblement, la profession a des problèmes de communication.
N’OUBLIONS PAS LES UHD
Le site Mundodvd propose également un thread concernant les disques UHD.
Comme nous l’avons souvent dit, il ne s’agit pas pour ce support de défectuosités comme pour les BD (du moins pour l’instant), mais plutôt de problèmes de difficultés de lecture (incompatibilité avec certains matériels, changements de couche, HDR ou DV mal gérés, …) ou d’authoring.
Les espagnols ont repéré 11 titres suspects. Il nous semble intéressant de vous le signaler, car ces UHD peuvent être des disques à diffusion internationale (un seul pressage, décliné ensuite selon les pays). Il est donc conseillé de vérifier vos exemplaires, même s’ils ont des jaquettes françaises. Ainsi, à titre d’exemple, on y trouve notre brave « Braveheart », mondialement problématique.
UNA SITUACION POCO CLARA…
On l’aura compris, en Espagne, il n’y a pas d’explication précise au phénomène, et les BDphiles n’en cherchent plus. Comme le résume cet article (qui condense le nôtre) : « Vérifiez votre Blu-ray : il y a des disques qui meurent sans explication »
• Plus que dans d’autres pays, toutefois, il existe une réelle méfiance, car il s’est propagé l’idée insidieuse que les BD manquent de fiabilité, que leur durée de vie est limitée à quelques années, et donc qu’il faut être très prudent dans ses achats.
Cette méfiance persistante pourrait, vue de France, paraître exagérée, car nous considérons souvent que le problème est derrière nous. Mais en Espagne, les réactions ne sont pas uniquement conditionnées par la problématique des BD défectueux. Car les BDphiles y sont confrontés à un marché qui est loin d’être simple.
En effet, il faut savoir/se remémorer que dans ce pays, des centaines de titres de BD du commerce ne sont pas pressés mais gravés (leur appellation est « BD-R »). Ils sont réputés plus sujets à problèmes et sont source d’inquiétudes. Pour un même titre, selon les éditions/les années, il peut y avoir à la fois de BD gravés et des BD pressés, avec le même EAN, et il est difficile de s’y retrouver.
(Pour aller plus loin sur ce sujet avant tout achat: liste des BD-R espagnols et une boutique en ligne transparente en la matière )
Par ailleurs, les éditions d’un même titre peuvent être plus nombreuses qu’en France, avec des éditeurs différents, ce qui ajoute à la confusion. Ainsi, pour l’exemple, le BD « Amélie » de Vértice est cité comme très défectueux, mais le « Amélie » de Vértigo ne l’est pas. Et -cerise sur le gâteau- ce titre existe également chez un autre éditeur… mais cette fois -ci en BD-R !
Les Espagnols ont même suspecté que les BD défectueux pouvaient provenir d’éditions spéciales « au rabais » commercialisées par certaines enseignes, et ils ont cherché au début à déterminer les lieux d’achat (cette hypothèse ne s’est pas au final avérée exacte).
Ces éléments permettent de mieux comprendre l’état d’esprit général qui s’est installé au fil des années et la méfiance « instinctive » envers le support. Entre les procédés de fabrication, les éditions, les éditeurs, les circuits de distribution, et maintenant les défectuosités, les BDphiles espagnols ont du mal à y voir clair. Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que le BD soit devenu pour eux un produit suspect par nature, nécessitant recul et réflexion.
« Il est difficile de profiter de certains loisirs… mais celui-ci devient plus compliqué qu’un gymkhana… ».
• Méfiance ne signifie pas pour autant pessimisme exagéré. Certains internautes traitent certes les éditeurs de voleurs ou de « pirates de naissance » (pour les BD-R). Mais globalement, les BDphiles espagnols semblent s’être habitués à ces situations ambiguës qui font partie de leur quotidien. Comme si le problème des BD défectueux n’était à leurs yeux qu’un problème de plus. Ce qui peut expliquer que, plutôt que de chercher en vain les raisons d’un phénomène passé (on le souhaite), ils se soient davantage interrogés sur la meilleure façon de se débrouiller à l’avenir avec la situation. Car ils en ont vu d’autres, alors, après tout, « Que será será… ».
Ce que traduit avec philosophie la réflexion d’un internaute qui a trouvé le moyen idéal pour aborder le problème et conserver le moral, et que nous vous proposons en conclusion :
« Je recommande un système infaillible : si vous ne savez pas si un disque fonctionne, laissez-le en rayon sans y toucher. Pourquoi souffrir … Le jour où vous aurez envie de revoir le film (parce que vous en avez envie, pas pour tester le disque), vous verrez si ça marche ou pas. D’ici là, on est heureux en pensant que ses disques marcheront sûrement parfaitement. De toute façon, presque personne n’est responsable… alors pourquoi vouloir savoir si le disque fonctionne ou pas ? »
Remerciements à notre membre Torrente (David pour les intimes) pour ses précieuses informations sur les BD-R, dont il a une connaissance quasi-encyclopédique !
Et pour finir, un petit cadeau cinéphilique !
Il est intéressant de voir les titres que nous avons en commun et qui sont certainement sortis à la même époque, voir, par exemple pour Universal certainement manufacturés par le(s) même presseurs(s).
La période relevée par l’un de leurs membres est similaire à celle que nous avons mise en lumière… Mais que s’est il passé ?! Résine corrompue combinée à une défaillance dans le (tout nouveau, à l’époque) process de fabrication (exemple avec une hypothèse sur QOL).. Bref, le gros manque sur ce forum espagnol c’est le fait de ne pas avoir relevé les mould ! C’est de l’information perdue qui aurait permis de faire de sacrés regroupements ; on aurait pu voir si Optical Disc Spain (qui pour rappelle a un SIDE CODE MOULD, IFPI à 5 caractères commençant par IFPI AAA**) presseur qui n’existe plus mais par lequel certains éditeurs français sont passés pour certains titres.
Merci pour cet article très étayé qui vient enrichir le blog !