Espagne : No está claro… Que será, será…

5/5 - (4 votes)
… MAIS UNE PRISE DE RECUL

Plutôt que de s’interroger en vain sur qui est responsable de quoi, quand et comment, nos amis espagnols se montrent plus pragmatiques, préférant s’orienter vers la recherche de solutions et considérer l’état du marché.

Concernant les solutions alternatives, le rachat en édition étrangère (prioritairement italienne) a une nette préférence, car la méfiance envers les éditeurs espagnols est grande. Même les nouvelles éditions sont suspectées. Si certains gardent espoir et rachètent ces rééditions,  d’autres s’y opposent farouchement. « Dans une situation comme celle-ci,  je ne vais pas les payer deux fois pour la même chose.»

Mais plus que dans d’autres pays, le recours au DVD est très souvent cité. Avec un raisonnement non dépourvu de bon sens :

« Je songe à racheter des DVD, car bien que la qualité d’image soit inférieure, au moins je suis plus certain que dans quelques années je pourrai les lire et le pourcentage de disques défectueux sera moindre. Ma conclusion est la suivante : qualité visuelle inférieure du DVD mais fiabilité supérieure, qualité audiovisuelle supérieure du BD mais fiabilité inférieure. Peser et choisir ».

« Je pense que la clé réside dans la fabrication : des DVD plus simples et des BD plus complexes. Plus d’une de ces sociétés s’est lancée dans le secteur de la BD sans avoir vraiment d’idée dans un processus de fabrication plus complexe. »

« L’important, comme toujours, est de ne pas jeter les DVD, qui sont le format définitif. L’ami qui n’échoue jamais. »

La dématérialisation apparaît également être une solution pertinente. A l’inverse, l’UHD inspire peu confiance, puisque logiquement, plus y a de couches, plus il y a de risques !

• Quant à « l’état du marché », trois point sont plus particulièrement soulevés. Ils ont déjà été évoqués dans notre pays mais méritent que l’on se les remémore :

la question de la garantie : il apparaît totalement anormal de limiter la garantie commerciale à 2 ans pour ce type de problème et de support, alors qu’il y a eu erreur manifeste de fabrication.
« Pourquoi, face à un sinistre, l’entreprise concernée ne daigne-t-elle pas, de bonne foi et en acte de responsabilité vis-à-vis de ses clients, échanger le disque défectueux ? »

la durée de vie d’un blu-ray : un support publicitairement annoncé comme devant durer des dizaines d’années et qui se dégrade en 5 ans.
« Quelle est la durée de vie utile moyenne d’un film Blu-Ray ? Comment allons-nous savoir maintenant si à l’avenir les films que nous achetons aujourd’hui fonctionneront pour nous ou non ? ».

le recyclage des titres défectueux : comme en France, l’on trouve en Espagne des titres défectueux dans les magasins de type « cash », ce qui amène à une interrogation plus large : que font les éditeur des disques défectueux, non seulement ceux qui leur sont renvoyés, mais aussi le stock de BD potentiellement défectueux ? (car comme en France aussi, des éditeurs ont remplacé des BD défectueux par d’autres BD défectueux !).

 

ÉDITEURS:  SURPRISE OU MUTISME

Les éditeurs ont évidemment été alertés. Leurs réactions ont été comme partout très variables, de la prise de conscience à l’ignorance du problème, avec cette constante qu’aucune explication technique n’a jamais été fournie.

Vértice Cine (= Manga Films) : éditeur des « patients zéro et un» (Shutter Island et The host), tous deux massivement défectueux. C’est le premier à avoir été contacté en janvier 2016. Sa réponse :

Merci beaucoup de nous avoir informés. Nous allons essayer de découvrir ce qui s’est passé et nous vous tiendrons au courant. C’est très étrange, mais nous allons en parler avec les personnes appropriées.

Puis quelques jours après :

Nous avons en effet reçu plusieurs communications à cet égard et nous discutons avec les fournisseurs pour connaître la raison et être en mesure de vous proposer une solution dans les meilleurs délais. Nous espérons pouvoir vous dire quelque chose dans les prochains jours.

Puis… rien. L’éditeur n’a jamais plus donné de nouvelles. Les BDphiles ont décidé de le boycotter.

Tripictures: s’est révélé totalement dépendant de son presseur (MPO) et ne prenant aucune initiative sans son accord. Les première réponses ont pris près de 6 mois, en voici un exemple :

Tout d’abord nous voulons nous excuser pour l’attente. Nous avons contacté le fabricant du titre et celui-ci ne trouve aucun défaut dans la duplication, quoi qu’il en soit ils nous ont proposé d’examiner votre BD. Par conséquent, nous avons besoin que vous nous envoyiez le titre accompagné d’un reçu d’achat. Dès que nous aurons des nouvelles, nous vous recontacterons.

Au fil du temps, il est apparu que Tripictures envoyait systématiquement les BD reçus à MPO pour analyse. Pour finir, après de longs mois, plusieurs titres ont été reconnus défectueux et une procédure a été mise en place:

Tout d’abord, nous tenons à nous excuser car cette affaire a pris plus de temps que prévu. C’est un problème dans un tirage spécifique, donc les nouveaux BD du titre vont être dupliqués, veuillez envoyer votre BD à C/ Enrique Jardiel Poncela, 4 28016 Madrid (port dû) et lorsque nous recevrons le nouveau tirage, nous vous en enverront un gratuitement.

Hélas, le presseur n’était pas pressé (on ose !) et certains BDphiles s’étant plaint de ne rien recevoir au bout de plusieurs autres mois, Tripictures a répondu :

Nous avons constamment insisté auprès de MPO pour pouvoir avoir des informations sur le sujet mais nous n’avons pas reçu grand-chose. Ils allaient dupliquer sous peu et vous envoyer les disques. Nous n’en savons pas plus bien que nous ne cessons de demander plus d’informations. Nous essaierons de vous tenir au courant.

Au final, les échanges ont pu avoir lieu, débutant mi -2017, un an et demi environ après la première demande. On peut s’interroger sur la lenteur et la prudence de MPO Iberica, alors qu’en France le même presseur avait rapidement commencé les (rares) échanges début 2015. Notons aussi qu’après n’avoir trouvé « aucun défaut dans la duplication », MPO Iberica a finalement reconnu pour plusieurs titres « un problème dans un tirage spécifique ». De quelle nature, mystère….

suite page 3 : Divisa : un éditeur prudent […]

Partager

Vivaldi21

Je suis un cinéphile, pendant 40 ans j’ai vu en moyenne 150 à 200 films par an en salle, j’ai écrit dans des revues locales, j’ai fait des émissions à la radio ou animé des séances de «ciné club», et je crois bien connaître le cinéma, surtout celui dit «de répertoire»

Une réflexion sur “Espagne : No está claro… Que será, será…

  • 16 février 2023 à 14 h 04 min
    Permalien

    Il est intéressant de voir les titres que nous avons en commun et qui sont certainement sortis à la même époque, voir, par exemple pour Universal certainement manufacturés par le(s) même presseurs(s).

    La période relevée par l’un de leurs membres est similaire à celle que nous avons mise en lumière… Mais que s’est il passé ?! Résine corrompue combinée à une défaillance dans le (tout nouveau, à l’époque) process de fabrication (exemple avec une hypothèse sur QOL).. Bref, le gros manque sur ce forum espagnol c’est le fait de ne pas avoir relevé les mould ! C’est de l’information perdue qui aurait permis de faire de sacrés regroupements ; on aurait pu voir si Optical Disc Spain (qui pour rappelle a un SIDE CODE MOULD, IFPI à 5 caractères commençant par IFPI AAA**) presseur qui n’existe plus mais par lequel certains éditeurs français sont passés pour certains titres.

    Merci pour cet article très étayé qui vient enrichir le blog !

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *