Espagne : No está claro… Que será, será…

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Après avoir évoqué la situation en Allemagne et en Italie, nous nous sommes intéressés à celle de notre voisin espagnol.

Elle est essentiellement décrite sur le site Mundodvd.com , à travers un thread de 60 pages  créé en janvier 2016.

Ce thread est riche en informations, mais le récapitulatif des défectuosités sur sa première page est incomplet, car il s’arrête en mars 2018 (lassitude de l’animateur ?). Compte tenu de cette limite, la première page mentionne 30 titres.

Nous avons donc continué le travail et relu l’intégralité du thread pour recenser tous les titres signalés jusqu’à ce jour. Nous arrivons ainsi à un total de 108 titres , dont vous trouverez la liste complète ici.

Il existe sans doute quelques autres titres ayant échappé au radar. Par sécurité, si vous souhaitiez acheter un BD de ce pays, nous vous recommandons de consulter également le thread généraliste consacré à ce BD, sur le même site, ainsi que les commentaires figurant sur la fiche spécifique de ce BD sur le site Mubis . En Espagne, nous le verrons plus loin, on n’est jamais trop prudent.

(Les traductions sont issues de Google Traduction et DeepL)

 

LA DÉCOUVERTE DU PROBLÈME

Le problème a été mis à jour, comme d’habitude, à partir d’un cas anodin de dysfonctionnement rapporté début 2016 sur le thread généraliste consacré au BD « Shutter Island » (éditeur Vértice).

« Quelqu’un a-t-il mis le BD espagnol ces derniers mois… et est-ce que ça a marché ? J’ai déjà entendu parler de deux personnes qui ont essayé de visionner le disque cette semaine, et aucun des appareils ne le reconnaît. Les disques sont devenus illisibles. »

Dans les jours qui ont suivi, au fil des vérifications, plusieurs dizaines de défectuosités ont été signalées sur ce titre. La machine était ainsi lancée.

Les Espagnols ont eu une démarche très empirique pour circonscrire le problème. N’ayant pas connaissance de difficultés antérieures dans d’autres pays (affaires QOL ou Criterion), ils sont partis de zéro. Ils ont d’abord suivi le piste de l’éditeur, en pensant à vérifier les titres Vértice, ce qui les a immédiatement conduit à découvrir une autre défectuosité, « The Host ». Ils ont ensuite constaté que ces 2 titres étaient des BD 50. Ils ont aussi remarqué, grâce à un logiciel gestionnaire de médiathèque, que le presseur en était MPO Ibérica. Une approche méthodique, qui a amené très rapidement à ces premières conclusions :

«  Les conclusions qui peuvent être tiré pour l’instant, c’est que les seules éditions défectueuses à ce jour sont des Blu-ray double couche et apparemment pressées par la même société ».

« Les deux disques sont sortis le 25 août 2010. Les deux sont des disques à deux couches, du même distributeur (qui les ferait fabriquer en même temps, dans la même usine). Erreur de fabrication ».

« Il semble évident qu’un (ou plusieurs) des composants d’un certain lot de disques était en mauvais état. Ils n’ont subi ni humidité, ni soleil, ni températures extrêmes ni bien sûr coups ou rayures. Le plus troublant est de ne pas savoir si ceux qui n’échouent pas maintenant le feront dans un futur proche »

En quelques jours, les Espagnols ont ainsi « fixé » le problème sur la seule base de leurs intuitions. Et au fil des mois, naturellement, ils ont découvert de plus en plus de titres.

Ils n’ont malheureusement pas effectué de repérage des « codes IFPI » (mould) inscrits sur les disques et permettant de connaître les presseurs, car ils en ignoraient l’existence. Ils ont intuitivement plutôt relevé les numéros de matrices, plus lisibles, ce qui leur a permis de faire quelques recoupements mais sans leur donner une information très fiable. Il faudra attendre un an pour qu’un membre plus «avisé» attire l’attention sur l’importance du code mould. Hélas, ses recommandations n’ont guère été suivies de recherches en ce sens.

Cette démarche incomplète ne permet donc pas de connaître précisément les presseurs mis en cause. Tout ce que nous savons, c’est que MPO Iberica est, du moins dans la première liste de 30 BD, très largement majoritaire. Quand aux années concernées, dans cette même liste, un internaute indique : « j’ai calculé l’année moyenne de sortie et c’est 2010, la gamme en général est 2007 -2012 avec une seule exception en 2016 ». 

 

INTERNAUTES: UNE RÉFLEXION INACHEVÉE…

Les BDphiles espagnols ont peu cherché a approfondir la recherche de causes techniques précises du problème, et sont restés sur des hypothèses assez généralistes. Il faut dire qu’ils n’ont guère été en cela aidés par les éditeurs (cf infra) et n’ont pu compter que sur leurs intuitions.

L’idée-maîtresse générale, largement acceptée, est l’utilisation par les presseurs de matériaux low-cost pour réduire les coûts, probablement sous la pression de certains éditeurs :

« Il semble que le produit ne soit pas fabriqué avec des normes de QUALITÉ mais soit fabriqué sur la base de la MINIMISATION DES COÛTS et voilà ce qui arrive. Il s’avère que J’AI ÉTÉ TROMPÉ pour économiser sur les coûts afin de réduire la qualité du produit. »

« Détérioration d’un matériau de mauvaise qualité qui rend la date d’expiration du disque beaucoup plus courte qu’elle ne le serait normalement.(…) La couche protectrice, la surface de lecture, le type de pressage… quelque chose de physique qui fait que le disque expire à 3/5 au lieu de 20 ans… »

« Ça me fait peur de voir à quel point les distributeurs réduisent leurs coûts. Nous l’avons vu avec la sérigraphie des disques, les menus, l’absence de pochette en carton, etc. Même les amarays sont beaucoup plus fins et de moins bonne qualité, comme s’ils avaient été fabriqués avec moins de matière. En voyant tout cela, qui est déjà une réalité, je suis sûr qu’ils ont également altéré la qualité des disques. Ils compareront les offres des fabricants de disques et des sociétés d’enregistrement et, afin d’être compétitifs et d’obtenir les contrats, ils réduiront de plus en plus la qualité. »

Au bout d’un an, la résine française a enfin été évoquée, toujours par le même internaute « avisé » qui avait recommandé d’examiner les codes IFPI (et il renvoyait même vers notre site) :

« Le problème de résine défectueuse est un problème profond persistant qui touche pratiquement tous les fabricants et ses effets se voient au bout de 5 ans. »

Mais là encore, ses remarques n’ont guère éveillé l’attention, et il n’a pas été fait de lien précis avec la situation espagnole. « Tant qu’on n’achète pas en France… c’est pire qu’ici… ». Les Espagnols ne se sont ainsi  pas spécifiquement sentis concernés par la résine. Elle n’est pour eux qu’une hypothèse parmi d’autres.

Un cas particulier est celui de « La sombra de una duda » (« L’ombre d‘un doute », coffret Hitchcock 14 BD). Les nombreuses défectuosités de ce titre s’accompagnent de signalements de taches sombres apparaissant à la surface du disque, et même de développement de champignons. Le packaging du BD est mis en cause, et plus spécifiquement l’influence du coffret en méthacrylate, qui produirait des émanations nocives. On ignore si c’est un problème de disque ou une réaction entre le disque et son emballage. Mais c’est l’occasion pour nous de rappeler que les packagings peuvent polluer les disques. Nous avions d’ailleurs publié un article sur le sujet concernant les boîtiers (ceux « fat » de 14 mm étant sujets à suspicion), lequel, hasard absolu, s’intitulait précisément « l’Ombre d’un doute » !

Telles sont donc les seules explications techniques pressenties par les BDphiles espagnols. Il y a (ou il y a eu) un problème, mais il reste assez indéterminé.

Suite page 2 : …MAIS UNE PRISE DE RECUL

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Vivaldi21

Je suis un cinéphile, pendant 40 ans j’ai vu en moyenne 150 à 200 films par an en salle, j’ai écrit dans des revues locales, j’ai fait des émissions à la radio ou animé des séances de «ciné club», et je crois bien connaître le cinéma, surtout celui dit «de répertoire»

Une réflexion sur “Espagne : No está claro… Que será, será…

  • 16 février 2023 à 14 h 04 min
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    Il est intéressant de voir les titres que nous avons en commun et qui sont certainement sortis à la même époque, voir, par exemple pour Universal certainement manufacturés par le(s) même presseurs(s).

    La période relevée par l’un de leurs membres est similaire à celle que nous avons mise en lumière… Mais que s’est il passé ?! Résine corrompue combinée à une défaillance dans le (tout nouveau, à l’époque) process de fabrication (exemple avec une hypothèse sur QOL).. Bref, le gros manque sur ce forum espagnol c’est le fait de ne pas avoir relevé les mould ! C’est de l’information perdue qui aurait permis de faire de sacrés regroupements ; on aurait pu voir si Optical Disc Spain (qui pour rappelle a un SIDE CODE MOULD, IFPI à 5 caractères commençant par IFPI AAA**) presseur qui n’existe plus mais par lequel certains éditeurs français sont passés pour certains titres.

    Merci pour cet article très étayé qui vient enrichir le blog !

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