Quelque part dans le temps
LES PROLONGEMENTS
Il serait fastidieux de détailler ce qui a été fait par la suite, et qui est souvent une répétition ou un développement du même type d’actions. Nous le résumerons autour de trois points.
Si l’on veut voir le verre à moitié plein, on peut considérer qu’une partie des professionnels ont (finalement) joué le jeu et procédé à des échanges. QOL a très rapidement réagi, mais ce fut souvent long et laborieux du côté des éditeurs. Certains, comme Wild Side, ont immédiatement donné suite. D’autres ont mis du temps (des années parfois) avant de reconnaître le problème, le niant dans un premier temps. D’autres enfin ont toujours fait les morts.
Disons globalement qu’avec le temps, ça s’est petit à petit amélioré, souvent grâce à la pression mise par les consommateurs plutôt que par la volonté des professionnels. Ce que nous regrettons surtout (voir en fin d’article) c’est qu’ils n’y ait jamais eu de la part des éditeurs une attitude commune, une coordination. Les échanges se sont faits au cas par cas (voire en catimini), comme s’il ne fallait surtout pas ébruiter le problème. Ce qui au final s’est traduit par presque autant de procédures qu’il existe d’éditeurs. Mais il serait évidemment abusif de les mettre tous dans le même panier ou de tous les traiter d’incapables.
Les meilleurs résultats n’ont pas été obtenus par des initiatives « spectaculaires », mais par un travail de fourmi. De nombreux internautes ont obtenu des échanges parce qu’ils ont insisté sans relâche par tous moyens auprès de tel ou tel éditeur (mail, appel, courrier, Twitter, Facebook,..), arrivant au final parfois à arracher un échange même auprès des plus réticents. Il n’est certes pas normal de devoir se battre à ce point, mais le succès a souvent été obtenu dans l’acharnement et la constance.
Il faut également signaler le rôle primordial des sites et de leurs forums, d’où l’information est partie et où elle a été largement diffusée. Sans eux, nous n’en serions pas là. Certains sites ont pris le risque de se faire mal voir par les éditeurs, qui attendaient plus une promotion qu’une critique de leurs produits. Quant aux forums, ce sont des endroits où de véritables passionnés échangent quotidiennement, font part de leurs pistes, de leurs succès ou échecs, partagent une information précieuse aux autres. Sans compter qu’ils permettent de se soutenir et se remonter mutuellement le moral, on se sent moins seuls!
QUANT A NOUS, BRDEF…
Nous sommes arrivés après, début 2016, même si plusieurs membres du staff avaient déjà agi à titre individuel. Avec l’ambition de recenser toute l’information jusque là éparpillée, de donner des pistes de solutions, et de mener des actions complémentaires. Sur ce dernier point :
- nouveau contact avec le rédacteur en chef de « 60 millions de consommateurs » (qui nous a indiqué que, sans être insensibles au problème, ils avaient d’autres dossiers plus importants à traiter).
- courrier au SEVN (Syndicat de l’Edition Video Numérique), resté sans réponse.
- courrier à Blu- ray Partners France, qui nous a permis d’entrer en relation avec la direction de QOL.
- deux entretiens téléphoniques avec la direction générale de QOL/ML en 2016 (sur le problème de résine) et en 2019 (sur la procédure d’échange qccao). Un entretien également avec le responsable mastering.
- entretien avec un responsable d’Arvato-Sonopress
- échanges réguliers d’informations avec la direction des Années Laser.
- prise de contacts et échanges avec les directions de plusieurs éditeurs (notamment : Wild Side, Arte, Gaumont).
- prise de contacts avec des sites étrangers italiens et espagnols relatant les mêmes problèmes.
Sans compter évidemment nos articles (dont nous savons qu’ils sont lus par des éditeurs), notre forum sur lequel nous répondons systématiquement à tous les messages, notre présence sur une dizaine de forums tiers où nous allons chercher et délivrons l’information, le moteur de recherche désormais externalisé… et notre célèbre index des titres potentiellement défectueux !
L’AVENIR
Voilà, tels sont quelques-uns des « combats » qui ont été menés jusqu’à présent, et dont BRDEF n’est qu’un maillon. Voilà tout ce qu’il a fallu entreprendre pour faire connaître le problème, éviter qu’il ne soit enterré, et trouver des solutions. Beaucoup a déjà été fait. Souhaitons qu’à partir de ces expériences passées, d’autres personnes retroussent leurs manches pour développer de nouvelles actions ou de nouvelles idées.
Le grand combat qui resterait à mener, c’est évidemment celui de la « garantie ». Il est complexe. Nous ne sommes pas juristes, mais en lisant les textes, nous nous rendons compte que le Blu-ray ne rentre pas vraiment dans le cadre, ni de la garantie légale de conformité, ni dans celui de la garantie légale des vices cachés (qui supposent un défaut préexistant et qui sont limitées dans le temps). La loi n’a jamais imaginé le cas d’un produit neuf qui se détériore tout seul sans jamais avoir été utilisé.
C’est sur ce terrain que nous attendions une attitude digne et coordonnée des éditeurs. Obtenir une garantie claire, adaptée à la spécificité du produit et du problème. Obtenir aussi une procédure simple et unifiée, qui nous évite de nous tordre l’esprit pour savoir par quel trou de souris passer pour obtenir un échange. Sur ce terrain, ils n’y sont pas venus. Certains ayant même oser affirmer qu’il n’y avait pas de problème car il s’agissait d’une « usure naturelle » du produit.
Osons redire ici notre déception. Et conclure par un petit rapprochement, sans démagogie. En quelques semaines, 85 éditeurs ont su récemment s’associer à travers un Appel pour demander des fonds publics afin de sauvegarder leur activité touchée par la crise sanitaire. En 6 ans, ils n’ont pas su le faire pour apporter une réponse commune aux consommateurs touchés par la crise du BD-rot. Constatons pour le moins que c’est… triste.
Pour terminer sur une note plus légère, nous ne saurions clore cet article sans mentionner les délicieux commentaires sur Youtube d’un certain JM75 (par discrétion, nous abrégeons son pseudo), vendeur vidéo dans une grande enseigne, qui affirme à maintes reprises que « en 10 ans de métier j’ai dû croiser peut-être 3 BR vraiment défectueux », que « C’est hyper rare les défectueux » ou que « C’est du fake tout ça ».
Pour lui, « 99,9% du temps le problème vient du lecteur, pas de la galette ».
Par ailleurs, il conseille à trois reprises de ne pas se référer à notre liste, « elle n’est pas fiable ».
Nous voilà tous enfin démasqués, la vérité est rétablie ! Un grand merci à JM75 d’avoir su dénoncer ce vaste complot qui perdure depuis tant d’années, et accessoirement notre incompétence.
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